Faculty of Letters, Department of Philology

bulgarian historical heritage foundation Sofi a LIVRES CENSURÉS: LE CAS DE L'HAGIOGRAPHIE BYZANTINE marina detoraki/crète La censure dans l'antiquité chrétienne est un phénomène connu et bien étudié avec notamment les travaux de Wolfang Speyer 1 , ou, plus récemment un article de J. Herrin 2 . Les livres visés par les autorités impériales et ecclésiastiques étaient au premier chef ceux des ennemis de l'Eglise établie: livres des «hellènes» et livres de magie, livres des manichéens, et bien sûr, des hérétiques 3 . La loi, visant à entraver la diff usion de ces oeuvres, prévoyait leur destruction physique, souvent par le feu, une procédure que J. Herrin interprète comme un rite de purifi cation 4 . Cette pratique radicale et sinistre ne se limite pas à la période protobyzantine. Elle se poursuit au Moyen Âge, et l'on sait bien qu'après la fi n de Byzance encore, Scholarios fait brûler un exemplaire des Lois de Pléthon, mettant ainsi un terme à la vie de ce texte 5 .

Le massacre de Najrân Religion et politique en Arabie du Sud au VI e siècle sous la direction de Joëlle Beaucamp, Françoise Briquel-chatonnet et Christian Julien roBin Volume I : Le martyre de saint Aréthas et de ses compagnons (BHG 166), édition critique, étude et annotation par Marina Detoraki, traduction par Joëlle Beaucamp et appendice sur les versions orientales par André Binggeli. Paris 2007 Volume II : Juifs et chrétiens en Arabie aux v e et vi e siècles : regards croisés sur les sources, édité par Joëlle Beaucamp, Françoise Briquel-chatonnet et Christian Julien roBin. Paris 2010 Volume III : Himyar vaincu par Aksûm. Le dossier des sources épigra phiques et narratives, par Joëlle Beaucamp, Françoise Briquel-chatonnet et Christian Julien roBin (à paraître) Volume IV : Himyar vaincu par Aksûm. Chronologie et essai d'inter prétation, par Joëlle Beaucamp, Françoise Briquel-chatonnet et Christian Julien roBin (à paraître) Association des amis du Centre d'histoire et civilisation de Byzance 52, rue du Cardinal-Lemoine -75005 Paris 2010 COLLÈGE DE FRANCE -CNRS CENTRE DE RECHERCHE D'HISTOIRE ET CIVILISATION DE BYZANCE MONOGRAPHIES 32 Le massacre de Najrân II JUIFS ET CHRÉTIENS EN ARABIE AUX V e ET VI e SIÈCLES REGARDS CROISÉS SUR LES SOURCES édité par Joëlle Beaucamp, Françoise Briquel-chatonnet et Christian Julien roBin © Association des amis du Centre d'histoire et civilisation de Byzance -2010

Dans le prologue de sa Chronographie, Georges le Moine parle clairement de ses buts édifiants: contrairement aux écrivains de la tradition païenne (τῶν ἔξω φιλόλογοι καὶ λογογράφοι), qui avaient méprisé «les idées [doctrines véridiques] de la vérité et les récits utiles aux hommes»,1 il se propose, lui, d' exposer les choses utiles qu'il avait réunies à partir «des histoires et des enseignements utiles à l' âme».2 Il propose donc dès le début une oeuvre faite avec «la peur de Dieu et la foi contenant plusieurs choses3 … qui enfantent le salut des âmes de bonne volonté et orthodoxes, l' enseignent et l'illuminent: σωτηρίαν ψυχῶν εὐγνωμόνων καὶ ὀρθοδόξων ὠδίνοντα καὶ διδάσκοντα καὶ φωτίζοντα».4

Labelled μαρτύριον, πράξεις or ἄθλησις in the Greek manuscript tradition and devoted to the most honoured saints of Christendom (whose cult expanded exponentially as soon as the new religion gained the freedom of the city in the empire), the Passions or Acts of the Martyrs became, to judge by the numbers, the most fertile subgenre of Byzantine hagiography. 1 On the whole, however, they remain largely neglected. With the exception of certain works whose historical or geographical content makes them particularly valuable, 2 the majority of texts, often anonymous and difficult to date, have not yet attracted the attention they deserve. At the dawn of the Byzantine era, i.e. in the first half of the fourth century, Passions as a genre already had more than two centuries of history behind them, 3 and one might even wonder whether they had not already reached their apogee in the texts devoted to the victims of the Great Persecution. These can be found in Eusebios of Caesaria's Martyrs of Palestine (BHG 1193 -CPG 3490) or some individual Passions, written in the early fourth century, which have survived to the present day.

12ος -17ος αι.) ΕΤΑΙΡΙΑ ΚΡΗΤΙΚΩΝ ΙΣΤΟΡΙΚΩΝ ΜΕΛΕΤΩΝ Ε Π Ι Μ Ε Λ Ε Ι Α ΣΤΕΦΑΝΟΣ ΚΑΚΛΑΜΑΝΗΣ ΑΛΕΞΗΣ ΚΑΛΟΚΑΙΡΙΝΟΣ Πρακτικά του 7ου Διεθνούς Συνεδρίου NEOGR CA MEDII VI A ΠΡΑΚΤΙΚΑ ΤΟΥ 7ΟΥ ΔΙΕΘΝΟΥΣ ΣΥΝΕΔΡΙΟΥ NEOGRAECA MEDII AEVI ΧΑΡΤΟΓΡΑΦΩΝΤΑΣ ΤΗ ΔΗΜΩΔΗ ΛΟΓΟΤΕΧΝΙΑ (12ος-17ος αι.) Επιμέλεια Στέφανος Κακλαμάνης -Αλέξης Καλοκαιρινός ΕΤΑΙΡΙΑ ΚΡΗΤΙΚΩΝ ΙΣΤΟΡΙΚΩΝ ΜΕΛΕΤΩΝ ΗΡΑΚΛΕΙΟ 2017 Π Ε Ρ Ι Ε Χ Ο Μ Ε Ν Α Προλογικό Σημείωμα xiii ΣΤΕΦΑΝΟΣ ΚΑΚΛΑΜΑΝΗΣ Χαρτογραφώντας τὴ δημώδη βυζαντινὴ καὶ πρώιμη νεοελληνικὴ λογοτεχνία (12ος-17ος αι.) 1 BERNARD FLUSIN Ita loquuntur novi Graeci: Johann Jacob Reiske et l'édition du De cerimoniis 13 ΜΑΡΙΝΑ ΔΕΤΟΡΑΚΗ Το Λειμωνάριον του Ιωάννη Μόσχου και η θέση του στα Neograeca Medii AEvi 25 ΝΙΚΟΛΑΟΣ ΚΑΛΒΙΑΪΝΕΝ Ἀναζητώντας πρώιμες μορφὲς τοῦ γραπτοῦ δημώδους λόγου: Κάποια στατιστικὰ στοιχεῖα γιὰ τὴν ἔκφραση τοῦ μελλοντικοῦ χρόνου στὴν πρώιμη βυζαντινὴ ἁγιολογικὴ ἀσκητικὴ λογοτεχνία 35 CRISTINA ROGNONI Note per uno studio linguistico dei documenti d᾽archivio medievali italo-greci 49 ΙΩΑΝΝΗΣ ΚΙΟΡΙΔΗΣ Δώρα και προίκα στον Διγενή Ε και στο Cantar de mio Cid 61 ΗΛΙΑΣ ΑΝΑΓΝΩΣΤΑΚΗΣ Από την προφορική ή κειμενική αφήγηση στη μνημειακή απεικόνιση: Τρία βυζαντινά παραδείγματα του όψιμου Μεσαίωνα 71 HANS EIDENEIER Ποιος σατιρίζεται στις «σάτιρες» της ελληνικής δημώδους γραμματείας; 85 viii ΧΑΡΤΟΓΡΑΦΩΝΤΑΣ ΤΗ ΔΗΜΩΔΗ ΛΟΓΟΤΕΧΝΙΑ (12ΟΣ-17ΟΣ ΑΙ.) ELIZABETH JEFFREYS A date and context for the War of Troy 93 RENATA LAVAGNINI La lingua greca medievale e l᾽opera di Costantino Ermoniaco 107 ΜΑΙΡΗ ΜΑΡΓΑΡΩΝΗ -ΑΡΓΥΡΩ ΜΟΥΝΤΑΚΗ Καλλίμαχος και Χρυσορρόη: Η προβληματική σχετικά με τις παραμυθιακές καταβολές της μυθιστορίας και οι περαιτέρω πρακτικές 117 GÜNTHER S. HENRICH Ποια ή ποιος συνέγραψε την Κακοπαντρεμένη; 131 CATERINA CARPINATO Stampe veneziane in greco volgare nella prima metà del Cinquecento e questione della lingua 147 CRISTIANO LUCIANI Προκαταρκτική έρευνα για μια νέα έκδοση των Ανδραγαθημάτων του Μερκουρίου Μπούα 169 OLESIA FEDINA Η μετρική ταυτότητα της κυπριακής ανώνυμης συλλογής του 16ου αιώνα (Ρίμες Αγάπης) 183 ΜΑΝΟΛΗΣ Σ. ΠΑΤΕΔΑΚΗΣ Μαρτυρίες από τη μη λόγια γλωσσική παράδοση της Κρήτης σε επιγραφές τοιχογραφημένων ναών (13ος-16ος αι.) 195 ARNOLD VAN GEMERT -ΓΙΑΝΝΗΣ ΜΑΥΡΟΜΑΤΗΣ Η συνοπτική και κριτική έκδοση των ποιημάτων του Στέφανου Σαχλίκη -Παρατηρήσεις στον τρόπο εργασίας του ποιητή 217 ΤΙΝΑ ΛΕΝΤΑΡΗ Η πόλη των αισθήσεων στα ποιήματα του Στέφανου Σαχλίκη 229 ΣΩΤΗΡΙΑ ΣΤΑΥΡΑΚΟΠΟΥΛΟΥ Φτώχεια και κοινωνική συνείδηση στην πρώιμη δημώδη ποίηση 241 MARIA CARACAUSI La Ριμάδα κόρης και νέου e i Contrasti italiani 251 FRANCESCA PAOLA VUTURO Appunti per una edizione dell᾽opera di Nilos-Nathanail Bertos 263 ΜΙΧΑΗΛ ΠΑΣΧΑΛΗΣ Ο αποκλεισμός της ελληνόγλωσσης λογοτεχνίας από τις Ακαδημίες της Κρήτης και ο σιωπηλός διάλογος των δημιουργών 277

Le choix du portrait comme lieu pour observer l'évolution des valeurs philosophiques, religieuses et esthétiques pourra surprendre. Et pourtant, nous pensons qu'une série de portraits de saints, choisis dans la littérature hagiographique et patristique de Byzance 1 sur une durée de sept siècles, du iv e au x e siècle, et considérés pour eux-mêmes comme objet littéraire, en les isolant de la narration et donc en les débarrassant de leur rôle secondaire comme « ancilla narrationis » 2 , permet une série d'observations fécondes. Quel portrait ? Les descriptions des personnages, dans la littérature, peuvent se rapprocher tantôt de la catégorie des représentations littéraires, des « portraits » 3 à proprement parler, ou se focaliser plutôt sur les particularités psychologiques ou morales du héros de l'oeuvre littéraire 4. Les descriptions du premier genre – les portraits – se caractérisent par leur autonomie à l'intérieur de l'oeuvre plus vaste où elles prennent place. Elles paraissent interrompre le cours du récit et se détacher du contexte narratif, créant ainsi dans l'oeuvre

Pour l'étude du culte des saints, l'importance des collections de miracles a été reconnue depuis longtemps, mais on a moins souligné peut-être ce que pouvait apporter l'histoire de leur texte. Son lien avec l'histoire du culte est pourtant plus évident et plus intime que pour d'autres oeuvres hagiographiques. La présence de ces collections en effet, complètes ou non, accompagnant une Passion du thaumaturge, est souvent la marque d'un intérêt spécial pour le saint et elle transforme le manuscrit qui les porte en un monument intéressant la diffusion de son culte. C'est ce que nous tenterons de montrer ici en prenant comme fil directeur l'histoire des Miracles des saints Cyr et Jean par Sophrone de Jérusalem 1 , que nous comparerons, sur certains points, à l'histoire d'autres collections de miracles de saints martyrs. I. Les MIRACLES DES SAINTS CYR ET JEAN La collection des Miracles des saints Cyr et Jean par Sophrone est bien connue grâce à l'édition de N. Fernández Marcos et aux travaux de Jean Gascou 2. Écrite en Égypte en 610 ou peu après par un auteur dont les saints viennent de guérir miraculeusement les yeux malades, il s'agit d'une oeuvre longue et savante, avec un prologue (Prothéôria 3), 1. BHG 475-479 ; CPG 7645-7646. 2. N. Fernández Marcos, Los « Thaumata » de Sofronio : contribución al estudio de la « Incubatio cristiana », Madrid 1975. J. Gascou a donné une précieuse traduction française du texte, qu'il améliore sur de nombreux points, avec une riche annotation : Sophrone de Jérusalem, Miracles des saints Cyr et Jean (BHG I 477-479), trad. commentée par J. Gascou, Paris 2006. Voir aussi, du même auteur, Les origines du culte des saints Cyr et Jean, AnBoll 125, 2007, p. 241-281. 3. BHG 475, cf. CPG 7645 ; éd. : Sophrone de Jérusalem, Panégyrique des saints Cyr et Jean, rééd. et trad. d'après de nouveaux manuscrits par P. Bringel (PO 51, 1), Turnhout 2008, p. 16-27.

Le Pré spirituel de Jean Moschos, rédigé au début du vii e siècle, est rattaché habituellement à l'hagiographie byzantine 1 . On sait qu'il est mal édité 2 , et le projet de l'éditer à nouveau -au moins sous sa forme la plus proche de l'original 3 -a été l'occasion de s'interroger sur le genre littéraire des récits édifiants. Nous avons l'habitude, en effet, de considérer comme allant de soi le lien entre l'hagiographie et les collections de récits « utiles à l'âme », mais il suffit d'ouvrir les apophtegmes, ou le Pré spirituel, pour voir que la nature de ces textes est loin d'être évidente. Si l'on définit un texte hagiographique par sa relation avec le culte des saints, on voit en effet que certes, plusieurs moines des Apophtegmes ont été honorés comme saints, mais qu'il n'en va pas de même pour les personnages dont parle Moschos. La question de la nature du Pré spirituel peut aider à mieux situer cette oeuvre, mais aussi nous renseigner, au-delà des histoires édifiantes, sur la nature même des textes hagiographiques.

3 e éd. mise à jour et considérablement augmentée, Bruxelles 1957. BIFAO Bulletin de l'Institut français d'archéologie orientale. Le Caire. BMGS Byzantine and modern Greek studies. Leeds. Bryennios, Histoire Nicéphore Bryennios, Histoire = Nicephori Bryennii historiarum libri quattuor, introd., texte, trad. et notes par P. Gautier (CFHB 9), Bruxelles 1975. BSl. Byzantinoslavica : revue internationale des études byzantines. Praha. Bull. ép. Bulletin épigraphique de la Revue des études grecques. Byz. Byzantion : revue internationale des études byzantines. Wetteren.