Le Mot du weekend
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Je rassemble ici, pour les présenter au lecteur, cinq études du matérialisme historique, rédigées au cours des dernières années à des usages et dans des circonstances différentes, mais dans le cours d'un même travail. Quelques mots me suffiront pour en indiquer l'origine et pour en expliquer les intentions.
Éditions du Monde libertaire, 2003
La révolution russe a longtemps été un enjeu politique ; elle a été« instrumentalisée », utilisée par les propagandes diverses, chacune ne retenant que les aspects qui confirmaient sa propre optique de l’histoire,ou qui convenaient à sa propre perspective du présent. Le mouvement libertaire n’échappe pas à cette tendance, dans la mesure où il axe son discours sur la révolution sur deux événements portés à un statut quasi mythique, le mouvement makhnoviste et l’insurrection de Kronstadt. Quoique nous y fassions mention à l’occasion, nous avons délibéré-ment choisi de ne pas insister sur ces deux événements, que nous ne sous-estimons évidemment pas, mais qui sont largement décrits et ana-lysés par ailleurs, et au sujet desquels nous ne saurions que conseiller au lecteur de s’informer auprès des sources détaillées accessibles. L’insistance mise par les libertaires sur le mouvement makhnoviste en Ukraine a abouti à occulter d’une part l’existence d’un important mouvement anarchiste dans les centres industriels d’Ukraine, et d’autre part l’activité du mouvement anarchiste en Russie même. Quant à l’insurrection de Kronstadt, en 1921, elle n’est que la conclusion d’un processus de plu-sieurs années de contre-révolution et ne saurait donc expliquer cette contre-révolution. Notre étude s’arrête à cette date, qui est aussi celledu Xe congrès du parti communiste russe.
2020
L'ouvrage de Lordon a pour intention première la discussion des thèses du Comité invisible (auteurs de L'insurrection qui vient, À nos amis et Maintenant). Au fil d'un dialogue avec Félix Boggio, Lordon énonce ses objections et propositions, qui se développent sur un plan «exotérique» (empirique, historique, social) et sur un plan «ésotérique» (philosophique, onto-anthropologique). L'hybridité de la forme, et l'hybridité substantielle du texte, n'empêchent pas de saisir une cohérence d'ensemble de la pensée lordonienne, qui s'inscrit plus largement dans le geste théorique qu'il déploie depuis une vingtaine d'années.
Classiques des sciences sociales., 2002
Classiques des sciences sociales., 2007
Certes, on préfère-et c'est plus populaire, plus dans le vent et, en apparence, plus révolutionnaire-parler de théorie de la violence marxiste. Mais il faut être net, car, dans ce domaine, les réalités sont terribles et les illusions énormes : la violence doit être organisée, il faut affronter l'adversaire armé, et, étant l'État de la dictature du prolétariat, elle devra être institutionnalisée (temporairement), donc militaire. Cf. Écrits militaires, Éditions de l'Herne,
monde-nouveau.net, 2011
Dans les années 1990-2000 eut lieu au Brésil un débat sur l’« anarchomarxisme », concept dont on pourrait penser qu’il se rapproche du « marxisme libertaire » dont Daniel Guérin s’était fait le porte-parole. En fait, cela n’a rien à voir, même si, au détour d’une page, le nom de Guérin est parfois mentionné. Ce débat était en fait l’expression d’un clivage survenu au sein du courant marxiste, opposant les tenants d’une certaine "orthodoxie" et ceux qui entendent revisiter le marxisme "à la lumière" d’auteurs jusqu’alors considérés comme marginaux. Outre Rosa Luxembourg, la liste de ces auteurs – Anton Pannekoek, Paul Mattick, Otto Rühle, Helmut Wagner, etc. – suffit pour qualifier ce courant : il s’agit de la gauche communiste constituée dans les années 20-30 en opposition à la politique de l’Internationale communiste, plus précisément la gauche germano-hollandaise, le communisme de conseils ou l’ultra-gauche. Ce courant, dont Nildo Viana est ici le représentant, récuse le qualificatif d’anarcho-marxiste. On s’aperçoit alors que ce sont les "orthodoxes" qui qualifient ainsi les "dissidents", lesquels par ailleurs, ne nient pas l’existence dudit "anarcho-marxisme". Il ne faut pas entendre le qualificatif "orthodoxe" dans le sens où il était compris en France, de communistes liés à Moscou. Ce sont, semble-t-il, plutôt des trotskistes, en tout cas des militants qui se réclament de la tradition léniniste, dont Carlos Moreira semble être le représentant dans le débat ci-dessous. Les "anarcho-marxistes" s’opposent aux dogmes fondamentaux du léninisme, à savoir la dictature du prolétariat, la "période de transition", etc., et préconisent l’autogestion immédiate. On comprend dès lors que les "orthodoxes" les accusent de flirter avec l’anarchisme, tout en les distinguant clairement de l’anarchisme. Cependant, la controverse entre Carlos Moreira et Nildo Viana va bien au-delà. Elle montre l’état des débats qui existaient au Brésil à cette époque, elle montre aussi comment les principaux thèmes anarchistes étaient perçus par les militants marxistes d’un bord ou de l’autre. C’est là surtout la raison pour laquelle nous avons cru bon d’intervenir dans ce débat, ne serait-ce que tardivement.
monde-nouveau.net, 2017
L’idée de soviet était une importation récente complètemebt étrangère à l’idéologie bolchevik. L’histoire de la révolution russe révèle le conflit permanent entre les formes organisationnelles naturelles du prolétariat, ses organisations de classe, créées par les besoins de la lutte ou par le besoin de survivre, et les groupements idéologiques, les partis, qui vont tenter en permanence d’en capter la force collective pour mettre en œuvre une politique décidée en dehors des organisations de classe. Il s’agit littéralement d’un conflit entre la société civile en construction et l’Etat en projet. Ce conflit allait très rapidement trouver son issue, dès la fin de 1918, par la subordination complète de la société civile et des institutions révolutionnaires à l’appareil d’Etat et au parti communiste. The Soviet idea was a recent import completely foreign to Bolshevik ideology. The history of the Russian revolution reveals the permanent conflict between the natural organizational forms of the proletariat, its class organizations, created by the needs of struggle or by the need to survive, and the ideological groups, the parties, which will constantly try to capture its collective force in order to implement a policy decided outside the class organizations. This is literally a conflict between civil society under construction and the State in draft. This conflict was to be resolved very quickly, as soon as the end of 1918, by the complete subordination of civil society and revolutionary institutions to the State apparatus and the Communist Party.
1956
Les discussions récentes du congrès communiste de l’Union Soviétique, qui ont eu dans tous les domaines un très vaste écho, revêtent une profonde signification historique. L’énonciation de celleci ne se lit certes pas dans les formulations exposées, mais on ne la trouve pas non plus en déclarant que ces dernières ne sont que de simples manoeuvres verbales tendant à dissimuler des actions mystérieuses et calculées. La relation existant entre toutes ces paroles et l’arrière-fond historique se cherche bien autrement, nous y sommes bien mieux préparés que les partisans – plus désorientés que jamais – et les adversaires occidentaux, turbulents mais armés de moyens polémiques et critiques bien pauvres. Nous affirmons ceci aujourd’hui à ceux, peu nombreux, qui connaissent déjà notre recherche et notre présentation, non pas tapageuse mais fondée et cohérente. D’autres événements, qui font du bruit bien en dehors de notre petit cercle, nous servirons à souder, même dans le silence, d’autres anneaux de cette chaîne solide même si elle est aujourd’hui bien peu visible.

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